Galerie d'art du collège

Exposition des oeuvres de Marie Arnaud

Par Isabelle Le-Gall, publié le mardi 5 mars 2024 09:19 - Mis à jour le mercredi 6 mars 2024 08:49
Collage et peinture
Du 5 avril au 22 mai, notre espace de rencontre avec l'oeuvre d'art accueille les oeuvres de l'artiste Marie Arnaud

Marie Arnaud

Collage et peinture

 

Notre espace d’exposition accueille actuellement les œuvres de l’artiste Marie Arnaud. Elle pratique le collage, augmenté le plus souvent par de la peinture. Voici une petite présentation de sa démarche artistique qui, à bien des égards, pourra permettre aux élèves de découvrir un mode opératoire dont le potentiel expressif est riche.

Très largement pratiquée depuis le début du XXème siècle, la technique du collage permet de mettre en avant et de mieux comprendre, les implications élémentaires de toute création d’images, à savoir : le choix des éléments que l’on souhaite faire apparaître dans l’espace délimité de l’image, et le choix de leur combinaison.

Petits arrangements avec le chaos

 La pratique ancestrale de la mosaïque, qui induit par nature l’élaboration d’une image par addition de fragments contigus, procède déjà de cette démarche. A ceci près qu’elle tend, avec un soin infini, à produire un effet de continuité avec des morceaux de même nature.

 En choisissant des matériaux disparates, les artistes de la modernité, eux, mettent ostensiblement en avant la fracture et la dislocation. Les morceaux de photographies, de textes, sont des matériaux déjà « informés », même privés de leur contexte originel, ils en gardent la trace. Dans la première moitié du XXème siècle, Kurt Schwitters, Raoul Hausmann, pour ne citer qu’eux, ont choisi d’associer sur un support des éléments empruntés, qui, tout en demeurant lacunaires, restent chargés d’une totalité perdue, quelle que soit la nouvelle situation dans laquelle l’artiste les place.

       

Un saut dans l’inconnu

Avant le collage, il y a la trouvaille, par hasard souvent, en feuilletant des ouvrages de toutes sortes, en consommant des produits courants. Ces trésors sans valeur deviendront, au moment voulu, les catalyseurs du collage. La machine se met en route dès le moment où l’artiste prélève, sélectionne. Ainsi, l’acte de création ne se définit plus comme un acte démiurgique de l’artiste mais comme un geste d’appropriation dans lequel il s’efface. Pourtant, cette mise en retrait de la subjectivité est toute relative, puisque le choix des éléments collés et surtout leur combinaison spatiale restent tout à fait déterminants dans l’expressivité de l’ensemble. Ici particulièrement, lorsque Marie Arnaud reprend la main sur le désordre, par un geste de recouvrement avec de la peinture. Marie Arnaud trace des visages calmes sur des compositions bruyantes. Par un jeu de « montrer/cacher », c’est l’artiste qui règle l’intensité de chacune des parties.

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un acte de subversion et de contestation

S’adonner à la pratique du collage, c’est se démarquer des modes opératoires traditionnels éprouvés de longue date, c’est dénoncer l’illusionnisme et sa quête d’unicité qui a longtemps prédominé dans la pratique artistique. Le collage échappe à l’échelonnement des plans de la perspective classique, les rapports de taille et l’unité conventionnelle du point de vue ne sont plus considérés comme nécessaires à l’expression du monde.

La subversion s’exerce également à un autre niveau. La densité, les orientations contradictoires des papiers collés, donnent la cadence, produisant un vacarme sans son. Ici, la réalité envahissante du milieu urbain occupe la place, brisant la hiérarchie entre art noble et culture de masse. Ces éclats de textes et d’images permettent d’exprimer une société démantelée, bien mieux que ne le ferait un espace homogène et unifié . Marie Arnaud revendique la dimension engagée de ses créations, ses « précipités d’images » questionnent les fétiches de notre société contemporaine et en expriment les paradoxes.

 

Cette analyse s’appuie sur la lecture de l’ouvrage de Jean-Yves Bosseur : Le collage, d’un art à l’autre Edition Minerve 2010.

Bonne visite                                                 Sophie Bach