Notre espace d’exposition est jalonné de signaux, habité par des mots et des couleurs. Des mots petits ou grands, isolés ou groupés, fins ou épais, que les couleurs vives et contrastées mettent en tension. 
Les formules concises et convenues du discours amoureux sont imprimées sur des supports métalliques et adoptent les codes graphiques de la signalétique, habituellement dédiée au balisage de nos espaces publics. 
L’écart entre le caractère intime du discours et sa mise en forme crée une discordance. 
Discordance encore, au sein de chacune des œuvres, entre le mot lu et le mot vu, entre le langage alphabétique et l’image. 
La distribution du texte dans l’espace rythme notre lecture, l’accélère ou la ralentit. 
Jouant de quelques homophonies ou homonymies, ces messages deviennent ambivalents, drôles  et satisfaisants comme le sont les mots d’esprits. 
Le sens du texte, pris au piège de la plastique de la typographie et de la couleur, se défait et se construit dans un même élan, sans se stabiliser. 
C’est dans le spectacle de ces failles de langage qu’apparaissent les doutes et les contradictions du lien amoureux. 
Avec une fausse désinvolture, Véronique Barthe fait craquer les coutures de la causerie amoureuse, faisant de cette inter-zone entre l’image et l’écrit, son terrain de jeu.

                                                                                                        S.Bach